• De mes plus intenses pensées, je savais que ce lit d’hôpital sur lequel j’étais allongé, en train de périr, allait être mon futur lit de mort. Chaque jour qui passait, je sentais un peu plus, mon cœur, me lâcher et la fièvre me faisait délirer au point de confondre rêves et réalité.

    Plus le temps s’écoulait et plus je sentais mon pauvre corps blessé, recouvrir ce beau lit de couleur pure en rouge sang.

    Je me présente pendant qu’il en ait encore tant avant que l’Alzheimer, elle aussi, vienne s’attaquer à moi. Je me nomme Sawyer. Sawyer Underwood. Je suis un jeune homme de 29 ans, atteint de mutisme aux yeux verts kaki et aux cheveux noirs corbeaux. Un type banal, quoi ! Et jusqu’à ce que je me retrouve à l’hôpital, tout le monde me surnommait « Saw ». Je ne pensais pas qu’autant de personnes de mon entourage étaient aussi hypocrites au point de prendre aucune de mes nouvelles, ignorant totalement l’état dans lequel je suis, ou alors... C’était peut-être moi qui me faisais des idées sur eux. Je ne regrette donc pas ce que j’ai fait, si ce n’est pour manquer à personne.

    Je ne comprends pas pourquoi personne ne débranche la machine qui me maintient en vie si ce n’est pour ne jamais me réveiller, d’ailleurs. Je n’ai plus envie de résister, je n’ai plus envie de survivre. Je n’ai pas tenté de me tuer pour avoir une deuxième chance de vivre mais à vrai dire, je n’ai plus le souvenir du pourquoi j’ai été poussé à me faire faire une chose pareille.

    Un jour, de mon plus profond sommeil, une voix s’éveilla en moi. La voix d’un homme d’une quarantaine d’année. Elle m’était particulièrement familière et m’était à la fois apaisante mais tremblante. Cette machine qui me faisait tenir encore en vie était sur le point de s’éteindre, m’éteignant avec elle. Sans m’en rendre compte, les larmes coulaient sur mes joues ; les peu de souvenirs qui me subsistaient, restent encore vague dans mon cœur.

    Après tout, c’est peut-être sa faute à lui, mon meilleur ami, « L’arc ». Ou alors, c’est peut-être sa faute à elle, aussi, ma copine, Léonie. Ils ont l’air tellement liés dans cette affaire.

    「Me suis-je fais duper ?」

    D’un coup, le silence régna sur la place mais j’entendais toujours ces bruits de pas agaçant. Etait-il toujours là, cet homme ? Je n’avais même pas la force à ouvrir mes yeux pour voir l’expression qui était dessiné sur son visage. Je sentis sa main passer dans mes courts cheveux noirs en lançant un soupir.

    『Promis, je prendrai soin d’elle.』

    Peu après cette phrase, commença un discours impardonnable.

    『J’aurai aimé que tu saches que depuis le début, notre rencontre était destiné à t’aider. Tel un ange gardien qui veille sur son protégé ou encore l’ainé qui protège son petit frère. Mais pourtant, moi, tout ce que j’ai pu t’offrir c’est un tabouret et une corde. En fait, je t’enviais tellement que je voulais être à ta place car, comme tu as pu le deviner, la fille que tu aimes, je l’aime aussi. Décidément, les amis comme nous se partagent vraiment tout, ha, ha !

    ...

    Je sais que tout ça est aussi ma faute, mais au fond je me dis que c’est mieux comme ça. Au moins tu ne souffriras plus. Plus personne ne souffrira, d’ailleurs.

    Si tu m’entends encore, je voulais t’annoncer que ce soir, on éteindra tout. Tu n’auras plus la peine à t’attacher à ton corps, tu pourras enfin être libre et voler de tes propres ailes.

    Ta mort fera un monde meilleur, surtout pour elle.』

    Si cette machine s’éteint cette nuit, autant mourir tout de suite. Je ne veux pas que l’on décide ma mort à ma place !

    J’ai soudain bloqué ma respiration en ouvrant peu les yeux et je me suis rendu compte que son visage poupon illuminait toute la chambre.

    Cet homme aux yeux vairons dont les cheveux sont mi-longs et d’une couleur brune, est si différent de moi que j’ai toujours eu l’impression de vivre dans un autre monde que le sien. Pourtant, il est le seul à être resté avec moi durant tout ce temps, malgré ses horribles paroles.

    Mon heure est enfin venu.

    「Donne-moi un dernier souffle d’espoir, un dernier souffle de vie !」, réussis-je à lui exprimer mon dernier souhait de ma propre voix que j’entendis pour la première fois.

    Mais ce qu’il ne sait pas, c’est qu’à partir de ce baiser, les rôles se sont échangés.

     


     

    La suite est dans les dialogues, ici -----> (Dés)Espoir. [2/2]