• Nous étions totalement perdus. Nous n’avions aucun repère. Pourtant, au milieu de cette forêt trop grande pour penser qu’elle avait une sortie, nous avions réussi à trouver un village. La nuit était noire : aucune étoile dans le ciel, on n’y voyait même plus la lune avec ce temps nuageux. La brume nous empêchait de voir correctement, alors nous marchions à petit pas. On était une cinquantaine, aussi. Tous des camarades de classe de 3ème et de seconde. Je ne sais pas ce que nous faisions dans cette forêt, à ce moment, mais une chose était sûre : nous fuyions. Le village avait l’air abandonné, on sentait qu’il y avait une atmosphère dérangeante : les maisons étaient presque toutes effondrées, aucune lumière d’allumée, aucun bruit... Puis il y avait cette grange. Une très grande grange en bonne état. On voulait y héberger à l’intérieur mais bizarrement, la porte était fermée à clé. Nous n’avions pas cherchés plus loin alors nous avions décidé de partir, quand, soudain, la porte de la grange s’ouvrit légèrement toute seule. Un de mes camarades poussa cette porte grande ouverte et nous aperçûmes un jardin avec des petites maisons en pierre et un puit. Beaucoup de sourire apparurent sur le visage de mes « amis » mais aller dans une grange aussi spéciale n’était pas une bonne idée, cela dépassait la réalité ! Mais pour éviter de me retrouver seule, j’entrai à l’intérieur avec eux, hésitante.

     

    A partir du moment où j’ai mis mes deux pieds dans cette grange, celle-ci se referma tout de suite derrière moi, violemment. Je tentai de la rouvrir mais elle était de nouveau verrouillée. Nous étions prisonnier ici sans que cela avait l’air de déranger les personnes présentes à l’intérieur. Les jours passaient paisiblement, tout le monde arrivait à se supporter, nous travaillions tous en équipe, des couples se formaient, quoi de plus merveilleux ? Puis un soir, alors que nous étions tous tranquillement autour d’un feu, dehors, nous entendîmes un cri aigu et terrifiant : celui d’une banshee. Beaucoup ne connaissaient pas la légende de la banshee, alors ils tentaient de fuir de la grange, mais ceux qui tentaient justement de fuir en essayant d’ouvrir la porte de sortie, mourraient, les membres arrachés. Ce qu’il fallait faire pour faire cesser cet enfer était de sacrifier quelqu’un nous-même, alors un de mes camarades les plus courageux s’est proposé de se suicider afin d’être le sacrifice du soir et sauver tous les autres adolescents de la grange. Lorsqu’il mourut, la banshee disparut et tout redevint à la normale. Ce soir-là il y eut douze morts : onze, sont mort pour « rien » en tentant de sortir et un, qui a été le sacrifice. Mes camarades commençaient à avoir peur, ils se demandaient s’il y allait avoir une « prochaine fois » et qui était le sacrifice, si cela venait à recommencer.

     

    Personne ne voulait mourir, alors pour rassurer les plus peureux, nous leurs avions dit que tout cela était fini et que la banshee ne reviendrait plus jamais. Ensuite, nous avons repris une vie normale et nous nous sommes occupés à construire un cimetière pour nos camarades décédés. Une semaine plus tard, encore un soir, nous entendîmes le même cri que la fois dernière.

     

     « Elle est de retour ! », s’exclama un de mes camarades.

     

    Nous étions tous affolés mais plusieurs personnes le montraient plus que d’autres au point de devenir fou et de mourir de leur maladie sans décider d’être le sacrifice. J’avais peur, moi aussi mais nous étions encore plein dans la grange, alors il suffisait de tuer n’importe qui pour être sauvé. Comme je l’ai dit, personne ne voulait mourir mais lorsque le « délai » fut dépassé, la banshee choisissait elle-même son sacrifice en le prenant au hasard. Total de mort cette nuit : huit. Nous n’étions plus que trente.

     

    Nous nous doutions que la prochaine semaine, il allait se passer la même chose, alors nous avons fait une réunion pour savoir qui allait devoir se sacrifier le soir où la banshee reviendra. Comme nous nous doutions qu’il n’y aurait pas de volontaire, nous avons fait un tirage au sort où on marquait sur un bout de papier qui devrait mourir, pour nous. Forcément, nous marquions la personne que nous aimons le moins et à quelques voix près, ça allait tomber sur moi. Lorsque j’ai vu que je n’allais pas être le prochain sacrifice de la banshee, je me sentis soulagée. Pourtant tout ce que je souhaitais jusqu’à maintenant était de mourir. C’est vrai, parmi plusieurs de mes camarades, il y en avait qui était aimer, qui avait un talent, qui avait une vraie raison de vivre. Tandis que moi, je n’avais rien de tout cela et pourtant je continuais à vivre.

     

    La semaine passa, nous attendions impatiemment le retour de la banshee pour lui donner notre sacrifice. Puis lorsqu’elle arriva, la jeune fille qui devait mourir a échoué sa mission et n’a pas réussi à se tuer elle-même, alors un autre de mes camarades se jeta sur elle et l’a tua à mains nus, sans pitié. Moins nous étions nombreux et plus nous nous divisions et faisions chacun pour sa peau. Cette nuit il n’y eu qu’un sacrifice.

     

    Le soir de la réunion nous avons refait un tirage au sort et cette fois-ci, presque tout le monde avait voté contre moi. Il fallait que je m’y attende : je ne suis pas aimer, je n’ai pas de talent et je n’ai pas de raison de vivre. J’ai réfléchi pendant toute la semaine, je me demandais si j’allais réussir à me suicider ou si quelqu’un allait m’assassiner violemment et sans pitié, comme pour ma camarade.

     

    Le soir du sacrifice arriva. Mon cœur battait à 100/h mais j’avais fait mon choix, je savais que ce que j’allais faire n’allait pas être une bonne chose mais j’en avais besoin si je voulais survivre. La banshee arriva comme prévu. On me donna un gros bout de bois pour m’en servir de masse et me tuer avec. Mes camarades me fixaient comme si je n’étais qu’un simple bout de viande à leurs yeux. Ils n’avaient plus aucune pitié mais moi non plus...

     

     

    Je me jetai sur un de mes camarades et je n’ai pu m’empêcher de l’assassiner à coup de bout de bois sur sa tête au point qu’on ne puisse plus voir son visage, tellement qu’il était défiguré. Ma folie ressortait de mon esprit, plus rien de m’arrêtait ! J’ai tué tous ceux qui se mettaient contre moi, cette nuit. Puisque j’étais détestée, il ne restait donc plus personne à part moi. J’étais seule et enfermée à vie. Les semaines passèrent et la banshee ne revint plus jamais. Entre-temps j’avais enterré tous mes camarades, puis un an plus tard, la porte de la grange s’ouvrit enfin à nouveau, laissant un nouveau troupeau d’une cinquantaine adolescents perdus, entré dedans. Je me disais que j’allais enfin pouvoir m’échapper d’ici, alors je couru jusqu’à la sortie, jusqu’à ce que ma vision se trouble et que tout devienne noir. Je ne voyais plus rien, mais au bout de quelques minutes, une petite boule de lumière apparue au loin. Je couru le plus vite possible pour l’atteindre. Plus je m’approchais et plus la lumière devenait éblouissante et tout devenait blanc, je savais que c’était la vraie sortie.